Si je n’avais pas fait ce métier, j’aurais aimé être…
Recherchiste ou journaliste. Contre toute attente, la musique a pris une grande place dans ma vie, mais j’aurais aimé continuer mes études en communication. Je pense que je suis bonne là-dedans!
La musique que j’écoute en ce moment
Beaucoup de country et d’americana, comme Roger Harvey et Townes Van Zandt, dont je m’inspire pour mon prochain album. En fait, ma façon de composer est ancrée dans le country depuis toujours ; on peut prendre à peu près n’importe laquelle de mes chansons et l’arranger « country » très facilement.
On dit de moi que je suis…
Au début de ma carrière, certains mots revenaient souvent: ingénue, douce, vengeresse… C’est probablement parce qu’ils allaient bien avec mon nom d’artiste. C’était correct, ça ne m’a jamais fâchée. Heureusement, aujourd’hui, on n’utilise plus de termes comme « mignonne »… On ne dit pas ça d’une femme de 30 ans! [Rires] Je crois que j’ai maintenant fait mes preuves, mais c’est aussi qu’on a évolué à ce sujet. On a moins recours à ce genre de qualificatif pour parler des artistes féminines, même les plus jeunes.
La personne qui me touche le plus au monde
Ma fille Romy. Quand je pense qu’elle était dans mon ventre et que là, elle évolue aussi rapidement… C’est fou! Ça me touche constamment. Comme ce matin, alors qu’elle chantait dans la voiture. Et si juste en plus, même si je ne le lui ai jamais enseigné!
Le film qui a marqué ma vie
Le charme discret de la bourgeoisie (Luis Buñuel, 1972), que j’ai visionné pour un cours de cinéma au cégep. C’est l’absurdité de l’histoire qui m’a surtout marquée: des amis qui n’arrivent jamais à souper ensemble parce qu’il y a toujours quelque chose qui survient… C’est un type d’humour que j’ai eu envie de retrouver dans ma vie par la suite.
Le livre sur ma table de chevet
Three Women, de la journaliste Lisa Taddeo (Simon & Schuster), un essai qui raconte l’intimité de trois femmes qu’elle a suivies pendant des années. C’est un ouvrage qui, sans être sexuel, parle de la sexualité féminine, un sujet qu’on aborde trop rarement. Les situations décrites sont intenses, difficiles à lire et déclenchent beaucoup de choses à l’intérieur de moi.
Les circonstances dans lesquelles j’ai mes meilleures idées
Dès qu’il m’arrive quelque chose. Un événement de vie joyeux ou traumatisant que je dois traduire en chanson. Pour moi, la création, c’est de la thérapie. Aller m’isoler dans une cabane deux semaines pour composer, je ne crois pas à ça.
Si je pouvais aller dîner avec la personne de mon choix…
Je ne choisirais pas l’un de mes héros, qui doivent rester où ils sont, sur leur piédestal. J’aimerais plutôt prendre le temps de manger avec des gens qui font du bien dans notre société, des intervenants dans des foyers de la DPJ, par exemple. Ou bien des mères ou pères monoparentaux. J’aurais beaucoup à apprendre d’eux.
La femme la plus formidable qui soit
La chanteuse et pianiste Nina Simone, pour sa force, sa fougue, ses convictions. J’ai d’ailleurs un parcours musical assez semblable au sien: des débuts classiques, pour finalement dévier vers autre chose.
Un vêtement qui me fait sentir belle
Les t-shirts extra extra grands! Ça décomplexe complètement. [Rires] Moi, si je ne suis pas à l’aise, je ne peux pas me sentir sexy.
Le plus beau moment de ma vie
Chaque fin de concert, quand la reconnaissance du public vient me happer. C’est un high incroyable que je savoure. La musique me libère de mes démons, mais c’est aussi pour les autres que je la fais.
Un moment de ma vie que je n’ai pas aimé
La fin de ma tournée pour l’album Roses, en 2015. J’étais loin de ma fille, je souffrais d’une pneumonie, je crachais du sang, je faisais de la fièvre et je devais faire mes shows quand même… Je montais sur scène en pleurant.
En amitié, je suis…
Très loyale. Mes amis, je les ai depuis longtemps. J’ai subi de l’intimidation presque toute mon enfance, et si quelqu’un me fait du mal aujourd’hui, je coupe tout lien avec lui. Mais je prends soin de ceux que j’aime.
Et en amour…
J’ai laissé passer beaucoup trop d’affaires! Je me suis souvent fait marcher dessus… Je pense que, sans s’en rendre compte, on recrée fréquemment ce qu’on a vécu enfant. C’est weird, mais il y a une forme de réconfort là-dedans. Maintenant, ça va beaucoup mieux.
J’ai peur de…
Perdre la mémoire.
Si j’étais un personnage de fiction, je serais…
Ponyo, dans le film d’animation japonais du même nom, écrit par Hayao Miyazaki. C’est un poisson qui devient une fillette, un peu comme La petite sirène, mais sans le maudit concept de vouloir se transformer pour un prince. Ponyo décide de renoncer à sa magie et de quitter l’océan pour vivre une vraie vie d’humaine. C’est une histoire de résilience avec des valeurs écologiques.
Un lieu qui me ramène automatiquement à mon enfance
La station de métro Acadie. [Rires] J’ai grandi à Ville Mont-Royal. C’était très long, aller à l’école quand j’étais au secondaire. Tous les jours, je prenais le métro à la station Acadie et je me rendais au collège Jean-Eudes, dans le quartier Rosemont… avec mon sac à dos à roulettes!
Mon premier emploi
Chez Première Moisson, sur la rue Bernard, dans Outremont, vers 16 ans. Je ne suis plus capable de manger des croissants depuis ce temps-là! [Rires]
Un défaut que j’ai corrigé
J’ai déjà été beaucoup plus impulsive. Maintenant, au lieu de ressentir et d’agir, je ressens, je pense et ensuite seulement, j’agis. Je me dis: « OK, Béa, prends les paroles qu’on te donne et réfléchis-y avant de répondre. »
Je ne pars jamais sans…
Mes écouteurs AirPods. Mais je les perds tout le temps. Je pense que j’en suis à ma sixième paire! Un parfum naturel dont je raffole L’odeur de la personne que j’aime. Même si c’est son dessour de bras.
Ce qui me ressource le plus
Une marche méditative. L’été, je peux parcourir jusqu’à 12 kilomètres. Je le recommande à tous: si vous n’êtes pas capable de méditer, faites au moins des marches méditatives.
Ce qui me fait éclater de rire chaque fois
Quand quelqu’un dit « coquetel » au lieu de « cocktail »!
Les mots que je n’oublierai jamais
Au début de ma carrière, le chanteur français Julien Doré m’a dit: « Il faut que tu te protèges. » Je repense souvent à ce conseil, dont je n’ai pas saisi le sens à ce moment-là, et que je n’ai pas suivi. Il faisait surtout allusion à la vie privée. Aujourd’hui, je parle encore publiquement des choses qui me tiennent à cœur, mais je fais plus attention.
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