Les histoires
Mary Shelley, née en 1797, a 19 ans lorsqu’elle écrit le conte Frankenstein ou le Prométhée moderne.
À 16 ans, elle rencontre le poète Percy Shelley et s’enfuit avec lui. Leur existence bohème est difficile. Mary perd plusieurs enfants en bas âge, douleur qui la marquera pour toujours. Alors qu’ils séjournent à Genève, chez leur ami Lord Byron, ce dernier lance un défi : écrire une histoire d’épouvante. Mary invente Victor Frankenstein, un scientifique qui insuffle la vie à une créature qui commettra des atrocités. Cette œuvre, à l’origine de la science-fiction, remporte un vif succès, et on en attribue au départ la paternité à son mari. En effet, comment une si jeune femme pourrait-elle être l’autrice d’un tel chef-d’œuvre ? se demande-t-on. Jeanette Winterson s’empare de ce roman illustre et établit un parallèle entre les personnages de Mary Shelley et les siens. Frankisstein explore l’intelligence artificielle, l’identité, le transhumanisme, la passion amoureuse à l’ère des robots sexuels et le rêve humain de l’immortalité.
Les personnages
Victor Stein, professeur charismatique, promeut l’intelligence artificielle dans ses conférences tout en menant de troublantes expériences à Manchester. Ry Shelly, médecin trans, qui vit une torride histoire d’amour avec Stein. Chirurgien, Shelly sera-t-il à même de fournir à Stein « des cargaisons de membres pour ses expériences » ? Récemment divorcé, Ron Lord, un être désillusionné, crée des poupées gonflables. Claire, évangéliste afro-américaine, tombe amoureuse de ce dernier et lui commande un robot sexuel pour Jésus. Située à Phoenix, en Arizona, l’entreprise Alcor, « catacombes futuristes » où quiconque désire prolonger le séjour ici-bas se voit offrir différents forfaits – les personnages y seront impliqués d’une façon ou d’une autre.
L’autrice
Jeanette Winterson
Naissance à Manchester en 1959. Sa mère biologique n’ayant pas les ressources pour s’occuper d’elle, elle est adoptée par la famille Winterson. Elle grandit dans un foyer très religieux. À 16 ans, elle a une première aventure homosexuelle. Aux questions alarmées de sa mère, elle répond simplement « parce que ça me rend heureuse ». En lui montrant la porte, sa mère lui réplique :« Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? » Phrase dont elle fera le titre du roman fortement autobiographique qu’elle lancera en 2011. Entre-temps, elle aura fait mille boulots et publié, en 1985, Les oranges ne sont pas les seuls fruits (Éditions de l’Olivier), prix Whitbread pour un premier roman, qu’elle adapte pour la télé. Deux ans plus tard, paraît La passion (Éditions de l’Olivier). Sa plume est parfois acérée, souvent drôle. On retrouve ce ton dans Frankisstein, son 11e roman. Ses livres, publiés dans 18 pays, ont reçu de nombreux prix. Jeanette Winterson enseigne la création littéraire à l’Université de Manchester, au Royaume-Uni. Elle est mariée à la psychanalyste et autrice Susie Orbach (Fat is a Feminist Issue).
Frankisstein, par Jeanette Winterson, traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Céline Leroy, alto, 352 pages
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