Pour la paperasse, j’ai un bon système : tout aboutit pêle-mêle dans une même pile. Au fil du temps, ces documents finissent par s’ordonner en fonction de leur fréquence d’utilisation. Les papiers qu’il faut consulter le plus souvent et auxquels il faut donner suite, comme un compte à payer, se retrouvent sur le dessus, et le reste au fond. Pas exactement le système de classification décimale de Dewey utilisé dans les bibliothèques, mais ça fonctionne.
Tout ça pour dire que je ne suis peut-être pas la mieux placée pour parler d’organisation et de rangement optimal. Ma dernière tentative remonte au ménage de mon armoire à épices l’an dernier. Mais de cet épisode, à part une douzaine de flacons étiquetés au marqueur de craie (merci Pinterest !) ensevelis sous les sachets en vrac, il ne reste pas grand-chose.
Attablée à mon « bureau », sorte de vide-poche familial où l’on trouve tous les chargeurs des téléphones, tablettes et ordis de la maisonnée, je me demande même si ce reportage ne devrait pas être confié à quelqu’un d’autre.
Nathalie Bureau, présidente de l’association nationale des Organisateurs professionnels au Canada (OPC), et autrice de L’art de l’organisation – Trucs et conseils pour une vie mieux organisée (éditions Broquet), m’assure que je ne suis pas la seule à avoir de la difficulté à m’organiser.
« Moi, j’adore ça, mais je sais que ce n’est pas le cas pour tout le monde. Il faut prendre beaucoup de décisions : ce qu’on garde, ce qu’on jette, ce qu’on donne… Mentalement, ça draine du jus », m’explique-t-elle.
La solution ? Morceler les opérations. Y aller une tablette et une armoire à la fois. « On prend un engagement envers soi-même, et on le respecte. Ça peut être un après-midi, ou même une vingtaine de minutes par semaine. »
Et on n’essaie pas de calquer ce que l’on voit dans les magazines de déco, me conseille Sarah Barrette, membre des OPC. « On n’est pas obligé de tout classer parfaitement par code de couleur. On peut créer des catégories assez grossières, juste assez pour se sentir bien chez soi », précise-t-elle.
L’important est de trouver ce qui nous motive. « On n’est pas organisé seulement pour le plaisir de l’être. Quel est notre objectif ? » demande-t-elle. Un intérieur plus ordonné permet de passer moins de temps à chercher ses clés le matin, par exemple, et d’éviter le stress qui s’ensuit.
C’est avec ces conseils en tête que je décide d’entreprendre le ménage de l’armoire à casseroles, dont le fouillis m’agace depuis que j’ai emménagé… il y a cinq ans.
Je place mes trois poêles préférées bien en évidence et à portée de main, tel que Sarah me l’a recommandé, et je ne superpose pas plus de trois articles. Puis, je classe les casseroles d’un côté, les couvercles de l’autre, et voilà ! Mission accomplie en 13 minutes. Avoir su que ce serait aussi simple, je l’aurais fait avant.
Prochaine étape : le tiroir à ustensiles. Je m’étais résignée à ce qu’il ne ferme jamais correctement à cause de mon pilon à purée, qui est trop gros. Je l’enlève du tiroir, le place dans un contenant vertical sur le comptoir, et classe le reste. Depuis, fierté et zénitude m’envahissent chaque fois que je cherche un ustensile de cuisine. Sarah avait raison : les petites victoires sont motivantes. J’ai congé vendredi après-midi, et commence déjà à réfléchir à la manière dont je vais organiser la salle de bains, un tiroir à la fois.
4 zones à problèmes
Le tiroir fourre-tout, zone de transit
Le truc est de ne pas laisser les choses s’y accumuler. On y laisse ce qui est utile, et le reste est redirigé ailleurs aussitôt que possible. Bref, les menus de restaurants et autres papiers épars n’y ont pas leur place. Si l’information est en ligne, les dépliants publicitaires peuvent aller directement au recyclage. Mylène Houle Morency, de FLO Organisation, qui offre des services de consultation pour ordonner une maison, suggère de classer le reste dans un cartable (elle propose un modèle sur son site). « Dans un tiroir, ce qui est sur le dessus cache tout le reste, ce n’est pas idéal. Le mieux est d’avoir un endroit central et accessible, où tout le monde peut tout trouver facilement », dit-elle.
La salle de bains, surfaces dégagées
On enlève ce qui traîne sur les comptoirs et on classe le tout dans des paniers qu’on place sous le lavabo. Pas assez d’espace ? On ajoute des tablettes et on récupère ainsi quelques précieux mètres carrés de rangement. Une salle de bains organisée n’a pas besoin d’être austère. Un vase peut servir à rassembler les accessoires de maquillage. On se débarrasse cependant de la pyramide de papier hygiénique : un seul rouleau suffit. Le reste est entreposé dans la lingerie.
Le frigo, y voir clair
D’abord, on vide son frigo. Puis, on classe les aliments dans des bacs transparents, ce qui permet d’en voir le contenu aisément. De cette manière, on évite de trop acheter et d’avoir des pertes. Les contenants de verre sont parfaits pour les restes de repas, puisqu’ils peuvent passer du réfrigérateur à la table. Un plateau tournant peut aussi être utile pour entreposer les sauces (pratique, quand on cherche le ketchup !). On n’oublie pas d’effectuer un survol rapide du frigo une fois par semaine pour éliminer les aliments dont la date de péremption est dépassée.
Les armoires de cuisine, le plus utile devant
Plus un espace est facile d’accès, plus il devrait accueillir les choses dont on se sert souvent, selon Mylène Houle Morency. Ainsi, le café et nos épices préférées trouveront place dans les armoires près de la cuisinière. Ce qu’on utilise moins fréquemment– comme le plat à fondue– peut être entreposé dans une autre pièce. « Quelle est l’utilité première d’un espace ? Qui l’utilise ? Si c’est un rangement pour la vaisselle des enfants, il faudra peut-être ajouter des crochets et des bacs, par exemple », dit Elizabeth Alescio. Transvider les aliments en boîtes (comme les pâtes et les céréales) dans des contenants en plastique transparent permet d’en préserver la fraîcheur. En outre, on voit plus facilement si nos stocks diminuent.
Bon débarras ! Comment désencombrer la maison de manière éthique
ON DONNE
Une amie ou une cousine a peut-être besoin des vêtements de bébé devenus trop petits pour les nôtres ? Pour le reste, Mylène Houle Morency suggère de choisir un organisme de charité dont la mission nous tient à cœur et qui se trouve à proximité de la maison. « Sinon, les sacs de choses à donner risquent de traîner longtemps dans le coffre de la voiture », dit-elle. Certains organismes, comme les Grands Frères Grandes Sœurs, proposent aussi la cueillette à domicile des articles de seconde main. Le site 211qc.ca permet de trouver les centres de dons les plus près, en fonction de leur mission caritative.
ON RÉUTILISE
Ce n’est pas un vieux chandail, c’est un nouveau linge de cuisine ! Sinon, on récupère nos éléments favoris – un joli bouton ou un bout de dentelle – avant de le recycler. Plusieurs organismes, comme Les Super Recycleurs ou certains écoquartiers, coordonnent la collecte de vêtements et de textiles usagés.
ON ÉCHANGE
Toutes sortes de sites nous permettent de troquer nos biens en ligne, comme Kijiji, la page Facebook des bazars de quartier, ou shwapclub.com (pour les vêtements). En personne, plusieurs friperies et magasins de livres usagés consentent aussi aux échanges.
Comment procéder ?
VOIR PETIT
Il faut éviter de vouloir désencombrer toute la maison en une fin de semaine. Elizabeth Alescio, fondatrice de Mlle Range-Tout, conseille de débuter par de petits projets. Par exemple, de consacrer une quinzaine de minutes à un tiroir de cuisine au lieu d’essayer de réaménager la pièce au complet, ce qui pourrait décourager les mieux intentionnées. On commencera par trier, classer et ranger les choses utilitaires. « Se pencher sur les albums de photos éveille beaucoup d’émotions et peut saper énormément d’énergie. On en réserve donc l’organisation pour la fin », dit-elle.
BOUCLER LA BOUCLE
Il est important de finir ce que l’on commence, selon Sarah Barrette. « Si l’on décide de s’attaquer à un tiroir, il faut s’assurer d’avoir le temps de finir le travail. Sinon, on n’a fait que déplacer notre montagne de papiers d’un endroit à l’autre », fait-elle remarquer.
JOUER EN ÉQUIPE
Pour de meilleurs résultats, pourquoi ne pas travailler de concert avec une amie ? « Tu fais ton ménage, je fais le mien. Si je n’ai pas encore commencé, donne-moi un bon coup de pied ! Quand on est redevable à quelqu’un, on est moins susceptible d’abandonner », souligne Nathalie Bureau.
UTILISER LES SOUVENIRS DE GRAND-MÈRE
Si on décide de garder certains objets pour leur valeur sentimentale, il faut les utiliser, estime Nathalie Bureau. « Faites-les revivre. La vaisselle de grand-maman ? On s’en sert ! Et les médailles d’un oncle qui a fait la guerre ? On les expose dans un beau cadre vitré. Laisser tout ça au fond d’un tiroir ne sert à rien », rappelle-t-elle.
BIEN S’ÉQUIPER
- Avant de se lancer, il faut s’assurer d’avoir sous la main:
- De grands sacs de plastique transparent (pour éviter de confondre ce qu’on veut donner et ce qu’on veut garder)
- Des sacs de recyclage
- Des sacs à ordures
- Des sacs à compost (pour le frigo)
- Du ruban à masquer et un marqueur permanent pour étiqueter les sacs.
La clé : l’entretien
S’organiser, c’est bien. Que ça dure, c’est encore mieux.
Faire une tournée en fin de journée
Elizabeth Alescio consacre une quinzaine de minutes au survol de sa maison avant d’aller au lit. « Je ramasse les petites choses qui traînent : le jouet retourne dans le bac et le papier dans le classeur. Comme ça, je repars du bon pied le lendemain », dit-elle.
Ranger, montre en main
Nathalie Bureau suggère aussi de réserver un peu de temps pour entreprendre les tâches plus complexes. « Ça peut être 20 minutes. Personnellement, je mets carrément la minuterie! En fait, comme j’aime éviter les chiffres ronds, je la programme à 19:39 minutes, et les quelques secondes qui manquent font que c’est plus motivant ! » explique-t-elle.
Placer au bon endroit
Il est important d’assigner une place à chaque chose, selon Nathalie Bureau. « Si on cherche toujours la télécommande, c’est qu’on n’a jamais décidé où la mettre », affirme-t-elle.
Demander de l’aide à un expert
Il peut parfois être utile de profiter du regard neuf (et sans jugement !) d’un organisateur professionnel, ne serait-ce que le temps d’une séance ou deux. Certains, comme Mylène Houle Morency, proposent même des rendez-vous virtuels. « C’est le meilleur rapport qualité-prix pour les gens qui ont besoin d’un coup de pouce, mais ont un petit budget », dit-elle.
Penser avant d’acheter
Moins on a de choses à la maison, plus il est facile de les organiser, fait remarquer Sarah Barrette. « Avant d’acheter un nouveau gadget de cuisine, il faut toujours se poser la question : où va-t-on le mettre ? » dit-elle. Elizabeth Alescio est du même avis: « Je demande à mes clients si tel objet mérite sa place chez eux. L’espace est précieux. »
Des produits d’ici pour faire place nette
On range… et on donne un petit coup de chiffon avec ces nettoyants écolos commercialisés par des entreprises québécoises.
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