Jennie et Luke préparent le petit-déjeuner pendant que leurs trois enfants – Jude, Neve et Wilder – courent tout autour, s’exercent au piano et jouent avec le chien, Penny. La température ambiante est parfaite dans cette maison autonome : le soleil et le système de chauffage radiant installé dans le plancher la maintiennent au degré voulu, tandis que l’éclairage est alimenté par les panneaux solaires fixés sur la propriété. « Même quand il fait -18º C l’hiver, on est bien à l’intérieur. On ne fait presque jamais de feu de foyer parce qu’il ferait trop chaud ! » souligne Jennie.
Les habitations autonomes, ou hors réseau, sont encore peu nombreuses au Québec. Cela tient au fait que l’hydroélectricité est ici une ressource propre et à bon prix, selon Emmanuel Cosgrove, directeur de l’organisme Écohabitation, qui accompagne les gens dans leurs projets de construction durable. « Dans le contexte québécois, une maison passive, dont la consommation énergétique est très faible, ne constitue pas une priorité. Pourtant, l’énergie solaire peut contribuer à réduire la charge totale d’énergie de la résidence, surtout si le toit donne au sud et qu’on y pose des panneaux », plaide-t-il.
Chaleur passive
Jennie et Luke ont d’abord acheté un terrain de 1,6hectare à Owen Sound, dans la baie Georgienne, en Ontario. Leur objectif : y bâtir une habitation écoénergétique. Sur les conseils d’une entreprise spécialisée dans la construction écologique, ils ont orienté leur maison de manière qu’elle puisse profiter au maximum de la chaleur du soleil.
Véronique Hudon, designer d’intérieur pour Espé Réno Urbaine, privilégie aussi cette approche. « Pour tirer le maximum du soleil et de sa chaleur, on pense non seulement à l’orientation de la maison, mais aussi à la position des fenêtres. Comme dans la maison de Luke et Jennie, on multiplie les ouvertures sur les côtés sud et est, alors qu’on les limite sur les côtés nord et ouest, car ces dernières entraînent plus de pertes que d’apports thermiques », explique-t-elle.
Pour fournir la chaleur supplémentaire nécessaire pendant les mois d’hiver, le couple a eu recours au chauffage radiant. Constitué de tuyaux coulés dans le béton du plancher, dans lesquels circule de l’eau chaude, ce système doit être prévu dès la construction. « Grâce à cette masse thermique qui absorbe l’énergie et la redistribue, il offre une chaleur uniforme et confortable », indique Véronique Hudon.
Des fondations, des murs et des planchers bien isolés et scellés retiennent aussi la chaleur. « Une maison étanche est sûrement le choix le plus économique et le plus payant sur le plan écologique », précise Emmanuel Cosgrove.
Des matériaux simples et durables
Chez Luke et Jennie, la plupart des matériaux sont élégants et contemporains. Comptoirs de cuisine en quartz, dosseret en carrelage blanc, plancher de béton, papier peint en fibres naturelles… Les accents de chêne blanc, les arcades arrondies et les touches de couleur campent un style décontracté.
« Comme les consommateurs sont davantage conscients de leurs répercussions sur l’environnement, les entreprises offrent de plus en plus de produits certifiés écologiques », se réjouit la designer Claudia Bérubé. Elle suggère l’utilisation d’essences de bois indigènes, comme l’érable, et de matériaux reconnus pour leur durabilité.
« Il faut envisager le cycle de vie des armoires de cuisine et du revêtement de sol dans une perspective à long terme, quitte à échelonner les travaux, mais en investissant dans la qualité », ajoute-t-elle. Elle met en garde contre les entreprises qui font de l’écoblanchiment. On doit prendre le temps de bien se renseigner sur leurs produits.
D’une superficie de 150 m² (1600 pi² ) et sans sous-sol, la maison de Jennie et Luke n’est pas très grande. En faire un environnement fonctionnel pour une famille de deux adultes, trois enfants et un chien a représenté un beau défi. Mais le couple a maximisé chaque centimètre carré en sélectionnant avec soin de petits meubles modernes achetés d’occasion, principalement en ligne. « Concevoir des pièces plus petites, plus pratiques et multifonctionnelles est au cœur de la démarche écologique, rappelle Claudia Bérubé. Et les meubles et accessoires d’occasion ne sont plus un pis-aller. C’est un choix intelligent et logique. »
Pour arriver à bien vivre dans un logis restreint, il faut se débarrasser de tous ces objets qui encombrent et qu’on traîne de déménagement en déménagement, selon Emmanuel Cosgrove. « Le problème, c’est rarement l’espace, mais toutes les bébelles qu’on y accumule, tranche-t-il. Or, une maison plus petite est plus facile à chauffer, et moins chère à rénover. »
Pour une maison plus verte
Des pistes pour limiter son empreinte écologique à la maison.
Consommer de façon plus consciencieuse
Mieux vaut réfléchir avant d’acheter des objets pour la maison. Le besoin est-il réel ? Si tel est le cas, la proximité du fournisseur et les articles d’occasion sont à favoriser. Quant aux matériaux de rénovation, il faut privilégier leur durabilité et les produits certifiés Greenguard ou Forest Stewardship Council (FSC). À éviter : les produits contenant des composés organiques volatils (COV).
Limiter sa consommation énergétique
Une inspection rigoureuse de la maison sert à corriger au besoin les problèmes d’infiltration d’air. Priorité aux appareils à faible débit (robinet, douche, toilettes), à l’éclairage intelligent à DEL et aux thermostats programmables. Des doublures isolantes aux rideaux et l’utilisation de la corde à linge, plutôt que de la sécheuse, sont d’autres atouts. Le deuxième frigo, énergivore, peut être donné ou vendu.
Miser sur une maison saine
Été comme hiver, toutes les pièces de la maison doivent être aérées de façon régulière. Pour l’entretien ménager, les produits simples et peu coûteux comme le savon noir, le bicarbonate de soude ou le vinaigre sont à privilégier. Si l’on préfère les produits domestiques du commerce, on s’assure qu’ils sont écologiques et biodégradables. Mieux gérer ses déchets Des sites de troc ou de vente permettent de se départir de matériaux ou de meubles, plutôt que de les mettre aux ordures. L’ajout d’une poubelle compartimentée dans la cuisine facilite le tri des matières et le compostage. De même, un petit bac vert dans le bureau et d’autres pièces fait du recyclage une tâche simplifiée.
Cet article Déco : une maison conviviale et écolo est apparu en premier sur Châtelaine.