Retracer ses origines représente tout un défi. Mais il est accessible ! Au Québec, il est en général possible de remonter jusqu’à la 12e génération – celle des premiers ancêtres arrivés en Nouvelle-France. « Il s’agit de cerner ce que l’on veut faire : établir une lignée du côté du père, de la mère ou tracer un éventail, car le champ est vaste », prévient d’emblée Jeanne Maltais, présidente de la Fédération québécoise des sociétés de généalogie et maître généalogiste agréée (MGA), titre le plus élevé dans ce domaine au Québec.
Pour chacun de ses aïeux, on cherche le lieu et la date de naissance, de mariage et de décès. Certains éveilleront davantage l’intérêt à mesure qu’on en apprendra sur leur vie. On pousse alors les recherches sur ceux-ci pour satisfaire sa curiosité.
Les premières étapes
Il est bon de concentrer d’abord ses efforts d’un seul côté, maternel ou paternel. Se munir d’un logiciel de généalogie pour rassembler les données récoltées sera utile. Les logiciels payants Brother’s Keeper, Heredis et Legacy sont appréciés des généalogistes du Québec. Leur prix varie d’une vingtaine à plus d’une centaine de dollars. Les données peuvent aussi être colligées de façon manuscrite, mais plus elles s’accumulent, plus la tâche devient complexe.
Comment effectuer ses recherches, et par quoi commencer ? À ce chapitre, les sociétés de généalogie, présentes partout au Québec, sont d’un grand secours. Elles offrent d’ailleurs des cours d’initiation.
L’intérêt d’Hélène Leblanc pour la généalogie a germé lorsqu’elle était enfant. Un travail scolaire avait fait naître une passion qui a resurgi à la retraite, maintenant que cette biochimiste a tout son temps pour approfondir ses recherches.
« Je me suis toujours intéressée aux histoires de mes parents, grands-parents et arrière-grands-parents. Du côté des Leblanc, mon grand-père et ma grand-mère s’étaient mariés aux États-Unis, et ça m’intriguait », précise-t-elle.
Se tourner vers ses proches est un excellent point de départ. « Avant d’entreprendre ses recherches, on pose des questions à ses parents ou, mieux, à ses grands-parents », explique Jeannine Ouellet, académicienne internationale de généalogie, une distinction mondiale.
Par exemple, pourquoi ne pas leur demander où et quand ils se sont mariés et où ils ont vécu ? Consulter les documents de famille – photos, avis de décès, écrits personnels – en même temps peut aider à raviver des souvenirs.
« J’ai eu la chance que ma mère vive très vieille. Elle a pu me raconter plusieurs anecdotes sur sa jeunesse et sa famille », dit Hélène Leblanc.
Une fois ces témoignages recueillis et les archives familiales épluchées, on plonge dans les bases de données offertes en ligne gratuitement. FamilySearch et le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec constituent de bonnes sources.
Les actes notariés que l’on recherche ne s’y trouvent pas ? On se tourne vers le site payant BMS2000 (25 recherches gratuites, puis de 20 $ à 300 $ pour de 200 à 10000 bons de consultation), créé par des sociétés de généalogie du Québec. La base de données Généalogie Québec (5 $ pour le forfait 24 heures, 13 $ pour le mensuel et 100 $ pour l’annuel) et celle d’Ancestry (essai gratuit de 14 jours) sont aussi très complètes. Les sociétés de généalogie donnent souvent accès à plusieurs de ces sources, à la condition d’en être membre.
Place à la créativité
Les premiers éléments à trouver sont les noms des arrière-grands-parents, puis de leurs parents. Ils figurent sur les contrats de mariage et extraits de naissance, dans les registres paroissiaux et de l’état civil, qui apparaissent dans les bases de données. On remonte ainsi aussi loin qu’on le souhaite.
Comme les patronymes présentent souvent des variantes orthographiques, on n’hésite pas à chercher en utilisant plusieurs déclinaisons. « Ma grand-mère maternelle est connue sous le nom de Guernon, mais le nom d’origine était Garneau », explique Hélène Leblanc. Celle-ci s’est retrouvée à plusieurs reprises dans une impasse, car des noms de famille avaient changé d’une génération à l’autre.
Pour aller plus loin encore
Transactions immobilières, ventes diverses et baux sont les documents à lire, par la suite, pour approfondir son histoire familiale. On les repère, eux aussi, dans les bases de données. « Ils sont importants puisqu’ils racontent la vie quotidienne des gens. Par exemple, si on vendait une vache au voisin, on passait chez le notaire », explique l’historien Marcel Fournier.
Les recensements, en ligne à Bibliothèque et Archives Canada, offrent pour leur part « le portrait d’une population, d’une ville, d’une famille à un moment donné », indique l’historien. Il est possible d’y retracer le lieu de résidence de ses aïeux, leur occupation et la composition de la maisonnée.
Les recensements nord-américains qu’Hélène Leblanc a pu consulter à partir du Québec lui ont fourni de précieuses réponses. « J’y ai appris que mon grand-père était pensionnaire chez ma grand-mère à Springfield, au Massachusetts. C’est comme ça qu’ils se sont connus ! »
On veut fouiller davantage l’histoire de ses ancêtres ? Dictionnaires de famille, archives judiciaires, foncières, militaires, religieuses ou fédérales sont de précieuses ressources. Il est aussi souhaitable de regarder outre-mer pour remonter la piste de ses plus lointains parents à l’aide de la base de données Fichier Origine, qui retrace les pionniers de la NouvelleFrance.
Et si nos aïeux viennent d’ailleurs ? Ancestry contient des milliards de documents de partout dans le monde, tels qu’un registre de naissances des Philippines et de vieux recensements grecs. Avec un peu de chance, on y découvrira des bribes d’informations utiles.
« Pour moi, la généalogie, ce n’est pas seulement des noms, c’est aussi l’histoire de toute ma famille. Savoir ce que mes ancêtres faisaient, qui ils étaient… » dit Hélène Leblanc avec un enthousiasme communicatif. La jeune retraitée passe de deux à quatre heures par semaine à enrichir son arbre généalogique (qui compte à ce jour plus de 6 000 noms !). Elle aide aussi des amis dans leurs recherches.
« La généalogie est une belle aventure, une façon de perpétuer l’histoire du Québec à travers l’histoire de nos familles », conclut la généalogiste Jeanne Maltais.
Et des origines autochtones?
De nombreux Québécois se demandent s’ils n’ont pas un ancêtre issu des Premières Nations. Certaines familles avancent qu’elles ont une vieille aïeule innue ou atikamekw, mais qu’en est-il ? « On pourra trouver des ancêtres autochtones si on dresse un arbre généalogique en éventail, mais ça représente seulement une ou deux personnes sur plus de 1000. C’est rarement dans notre lignée directe », indique l’historien Marcel Fournier.
Le nombre de mariages répertoriés entre des Canadiens français et des femmes autochtones durant la période de la Nouvelle-France est moindre qu’on le pense. « Sur la période de 1621 à 1800, il y a peut-être eu 75 mariages mixtes sur le territoire du Québec », dit-il. Comment confirmer des doutes ? En consultant les registres paroissiaux, les registres des missions religieuses et les recensements. Mais leur nombre est restreint et la plupart des registres des missions religieuses n’existent plus. « Le plus vieux est celui de Kahnawake, qui date de 1735 », affirme Marcel Fournier. Plusieurs noms ont été francisés lors des mariages. « Le Canada a aussi imposé de nouveaux noms de famille aux Autochtones en 1857. Certains ont pu garder leur patronyme d’origine, mais plusieurs ont vu le leur transformé », indique le recherchiste en généalogie autochtone Jean-Claude Sa’n Béliveau. Il peut être alors difficile de remonter aux précédentes générations.
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